PARCOURS
Après avoir consacré des années de ma vie à la recherche et l’enseignement en sciences humaines, j’ai découvert un beau jour essentiellement en autodidacte les propriétés plastiques de la maille.
D’abord séduite par la possibilité d’essayer, de faire et défaire, de construire lentement sa propre matière, de créer en trois dimensions, je me suis lentement autorisée à produire de véritables sculptures textiles. Inspirée au départ par l’univers du cabinet de curiosité, j’ai présenté en 2012 une première exposition consacrée à des insectes en crochet. Leur inventer des noms, écrire autour de ces bestioles une histoire teintée d’humour a d’emblée fait partie de ma démarche, en écho à ma formation de « littéraire ».
Au crochet se sont rapidement ajoutés le feutrage, puis plus récemment, la broderie.. De cet univers associé au féminin, je tire une force née de solidarités autour de passions communes, qui se matérialise par la participation à des projets collectifs autour du tricot urbain. Mais aussi une réflexion sur la féminité : parures absurdes et surréalistes, vêtements importables, goût pour les bestioles effrayantes – araignées, méduses et scorpions sont des pièces récurrentes de mon bestaire…
Je conserve aussi un attrait pour le texte, le jeu avec les mots, qui se traduit dans mes titres, mais aussi dans l’inspiration tirée d'œuvres littéraires : j’ai ainsi coordonné un projet d’exposition autour de La lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne, puis autour du poème comme support de création textile.
Si je suis plus naturellement inspirée par les matériaux nobles – fibres naturelles, soie, laine, lin, je peux aussi être parfois séduite par le kitsch et l’artificiel, le brillant du lurex ou les couleurs agressives des fibres synthétiques. Je ne rechigne pas à intégrer dans mon travail des matériaux récupérés – avec un amour particulier pour les vieux draps jaunis – ou achetés sur les rayons d’une quincaillerie plutôt qu’en mercerie.